Focus sur une Alysma nous permet d’avoir des nouvelles des anciennes après leur passage au lycée. Ainsi, nous pouvons découvrir leurs parcours et leurs occupations actuelles pour nous en inspirer.
Aujourd’hui, Audrey Dekou, Alysma 2010.
Audacieuse, talentueuse et appliquée, Marie Audrey Dekou est une jeune femme qui a choisi de se donner tous les moyens pour réussir dans un secteur majoritairement masculin. Prouvant ainsi, que les études doctorales en ingénierie ne sont pas l’apanage des hommes. Découvrons ensemble le parcours d’une étudiante brillante et qui porte bien le nom de sa promotion.
- Bonjour Marie Audrey, de quelle promo es-tu et quel a été ton parcours depuis le Lysma?
Je suis de la promotion des Perles du succès. J’ai obtenu mon Bac en 2010. Après le Bac, j’ai obtenu une bourse présidentielle pour faire une classe préparatoire PTSI (Physiques Technologie et Sciences de l’Ingénieur) à Angers, en France. A l’issue du concours d’entrée aux grandes écoles, j’ai été acceptée aux Arts et Métiers Centre de Metz en 2012. En 2014, j’ai été acceptée au Georgia Institute of Technology (Georgia Tech). J’ai obtenu en Mai 2016, mon diplôme d’Ingénieur des Arts et métiers en même temps que mon « Master in mechanical Engineering » de Georgia Tech. Depuis, je suis toujours à Georgia Tech en tant que « Graduate research assistant ». Je prépare depuis quelques mois mon Doctorat en Ingénierie Mécanique. J’ai décidé de rester dans la technique pure et la recherche expérimentale car le peu d’expérience que j’ai eu en recherche m’a passionnée.
- Pourquoi avoir choisi de continuer tes études après ton Master?
En toute honnêteté, au début de mes études universitaires, je considérais les études doctorales uniquement parce que mon père m’y encourageait et que j’en avais les capacités. Mais ce n’est jamais pas suffisant comme raison étant donné que tu y passes 3-4 années à gagner 4 fois moins que les étudiants de même niveau que toi. J’ai choisi de poursuivre en doctorat lorsque j’ai développé un intérêt particulier pour le design de nouveaux matériaux. J’aime être stimulée intellectuellement. En plus le profil de carrière que j’ai choisi (ingénieur chercheur, technical manager, material process specialist, et un peu d’enseignement) nécessite un doctorat pour gravir les échelons plus rapidement.
- Quelles difficultés rencontres-tu au quotidien ?
J’ai rencontré deux difficultés majeures. D’une part, au niveau du changement de mode de pensée qui est nécessaire pour faire un doctorat. En Licence ou même master, le professeur pose les problèmes et vous montre la voie à suivre pour les résoudre. En doctorat, c’est le contraire tu dois être capable de détecter les problèmes ou limites, et les résoudre de façon ingénieuse. D’autre part, je faisais face au « syndrome de l’imposteur ». Il est assez commun chez les femmes en général dans des milieux professionnels majoritairement masculins comme cela est mon cas. Il te donne l’impression que tu n’es pas suffisamment douée, que tu ne mérites pas ta place dans le milieu dans lequel tu es. J’ai appris à le surmonter au fil du temps en réalisant que j’ai exactement le même niveau que mes homologues masculins, et en faisant mes preuves auprès de mon équipe.
- Faire de longues études à l’étranger peut être difficile, qu’est ce qui te faire tenir bon ? As-tu des activités extra-universitaires ?
Ce sont en effet des études très prenantes car je dois combiner mes cours et plusieurs projets. Mais j’essaie de trouver le temps de faire du sport 2-3 fois par semaine. Je suis aussi engagée dans des organisations comme la SWE (Society of Women in Engineering) et Lean In, une organisation créée par Sheryl Sandberg, la Numéro 2 de Facebook 😉
- Penses-tu rentrer au pays après tes études ? Où te vois-tu dans 5 ans?
C’est la question à 1 million de dollars. Je ne saurai donner une réponse définitive, il y a tellement de facteurs. Si je trouve un emploi alléchant et bien rémunéré, et que ma vie personnelle le permet, je reviendrai. Dans 5 ans? Je me vois avec mon doctorat en poche, et un job de chercheur/manager dans un laboratoire national ou dans l’industrie aéronautique. J’ai tellement de projets en tête, surtout en ce qui concerne l’entrepreneuriat en Côte d’ivoire. D’ici la fin de mon doctorat, je pense pouvoir les réaliser.
- Un dernier mot? Des conseils pour les plus jeunes?
N’ayez pas peur de vous diriger vers des carrières orientées sur de la technique pure si vous en avez les capacités bien sûr. On a besoin de plus de filles dans la recherche. La recherche scientifique est compliquée (frustrante même) la plupart du temps mais véritablement passionnante. Moi, je développe des techniques expérimentales qu’on qualifie de « high-throuput », le but étant d’accélérer la découverte et la mise en application de nouveaux matériaux plus performants et plus résistants, et je trouve ça vraiment passionnant.
Et n’oubliez pas les valeurs du lycée: l’incitation et la recherche de l’excellence. Ce n’est que le début, le monde est ouvert à vous avec d’infinies possibilités de carrière et d’apprentissage. Be bold!
Nous remercions Marie Audrey et lui souhaitons un brillant avenir!