Focus sur une Alysma est la rubrique qui permet d’avoir des nouvelles des anciennes du Lycée Sainte Marie après leur départ du Lycée.
C’est une Alysma au parcours plus qu’impressionnant que la rubrique accueille dans cet article: Janine Kacou Diagou, Directrice Générale du Groupe NSIA. Elle a été élève au Lycée Sainte Marie jusqu’en classe de 1ère avant de rejoindre Dakar pour finaliser ses études secondaires. C’est là qu’elle a obtenu son BAC.
Son parcours est riche d’enseignement et plus que motivant. A découvrir au travers de cet interview
- Pouvez-vous nous expliquer votre parcours et comment vous en êtes arrivée à ce poste prestigieux ?
J’ai étudié à Abidjan, à Dakar, à Paris et à Londres. Ce parcours de formation supérieure entre l’Afrique et l’Europe, a été une richesse pour moi et a eu un impact sur ma carrière, et mon identité.
Mon expérience à l’international a eu des effets particulièrement positifs en termes de développement personnel, notamment pour gagner en maturité et acquérir des compétences internationales.
A la suite de mon parcours de formation supérieure, j’ai débuté ma carrière en Côte d’Ivoire, en intégrant la Citibank en 1995.
Ce premier poste a été l’élément propulseur de ma carrière. En plus le fait d’avoir acquis une première expérience professionnelle réussie dans le domaine bancaire, a été très déterminant.
A la Citibank, j’ai eu la chance de travailler auprès de Feu Gustave Koizan, « Résident Vice-Président » de la banque, qui m’a encouragée à m’inscrire au Middlesex University de Londres pour ainsi décrocher un Master in science of finance. Ce qui m’a permis par la suite d’intégrer Mobil Oil en tant qu’auditeur interne en charge du reporting et de la consolidation.
J’ai appris à connaitre et à maitriser davantage le domaine de l’audit au travers de cette expérience.
Depuis 1999, j’ai intégré le groupe NSIA comme directeur chargé de l’audit et du contrôle de gestion de NSIA Côte d’Ivoire et NSIA Vie Côte d’Ivoire. J’ai par la suite gravi les échelons par le fruit de la rigueur, de l’engagement et du travail acharné.
J’ai travaillé toutes ces années avec abnégation et acharnement. J’ai pris gout au travail d’auditeur qui m’a permis de maitriser le métier de banque assurance. J’avais pratiqué la comptabilité américaine et anglaise à la Citibank et à Mobil. J’ai appris à NSIA la comptabilité d’Assurance CIMA. J’avais donc tous les rudiments Financier, comptable et managérial pour me hisser vers des responsabilités plus importantes.
J’ai ensuite tenu avec succès des positions majeures comme la direction des finances des plus importantes filiales, puis du Groupe pour ensuite être justement le Directeur Général du pôle bancaire puis depuis Mai 2015, le Directeur Général Groupe de toutes les filiales banque, assurances, finance, technologies, et l’immobilier.
Je me suis construit une carrière dans le monde de la Finance qui aujourd’hui me permet d’assister mon père, Mr Jean Kacou Diagou, le Président du Groupe, dans le développement financier de NSIA.
- Aviez-vous des motivations particulières dans vos choix d’orientation ? Par exemple, pensiez-vous à travailler avec votre père plus jeune ?
J’avais déjà une idée claire de ce que je voulais faire dans la vie : la médecine. Je rêvais même d’une spécialisation en chirurgie pédiatrique. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai choisi de passer le BAC D en 1992, alors que j’avais été initialement orientée en terminal C.
Pour vous dire que je ne pensais pas à travailler avec mon père plus jeune. Mais avec son insistance, j’ai fini par m’orienter dans le domaine de la finance et de l’audit et j’y ai pris goût heureusement.
- Quels sont vos défis et vos challenges au quotidien ?
Aujourd’hui entant que Directeur Général d’un Groupe qui a 20 ans avec 26 sociétés dans 12 pays Africains, c’est un impératif pour moi de travailler un peu plus que les autres au quotidien, afin de faire de NSIA, le premier Groupe financier en Afrique.
- Les femmes leaders sont peu nombreuses, que faire pour que les choses changent ou avancent significativement ?
Nous pouvons changer la société à travers la promotion de leadership féminin.
C’est en encourageant les femmes à se présenter à des postes plus importants, et à l’entrepreneuriat féminin que l’on jette les bases d’une amélioration de l’accès équitable des femmes dans les domaines jusque-là dominés par les hommes.
Le chemin à parcourir est encore long pour arriver à éradiquer définitivement les formes tenaces de discrimination à l’égard des femmes.
Fort heureusement, au cours de ces dernières années, partout dans le monde, nous observons des progrès vers l’égalité des sexes devant la loi. Les gouvernements ont commencé à lever des restrictions établies de longue date qui limitaient la capacité des femmes à participer plus pleinement à la vie économique et sociale.
Dès lors, le défi qui se dessine pour les prochaines années est d’accompagner ces actions par la sensibilisation. Car l’investissement de la femme leader aura pour effet, d’encourager la compétitivité et la prospérité.
Il faut donc :
- Sensibiliser les hommes sur le rôle positif de l’entrepreneuriat féminin et du leadership féminin dans la vie active, familiale et l’épanouissement des femmes ;
- Sensibiliser les femmes en leur montrant les enjeux du leadership féminin et de l’entrepreneuriat féminin qui s’appréhendent dans le cadre économique et social (santé, éducation des enfants, etc.).
- Encourager l’entrepreneuriat et l’emploi des femmes en créant un environnement favorable aux affaires
- Favoriser l’accès au financement, en particulier pour les entreprises détenues par les femmes
- Améliorer la politique économique et sociale relative au genre
- En plus de votre brillante carrière financière, vous êtes mécène d’art, pouvez-vous nous parler de cette passion ?
Maintenant que vous me posez la question, je me dis que le goût pour l’art ne peut être fortuit ou spontané, donc cela a dû être motivé par un fait. Je me souviens que j’ai grandi dans une maison avec des tableaux et des objets précieux. Mon père sans être un fou passionné d’art, avait des contacts avec des artistes. C’était à une époque où à Abidjan presque tout le monde se connaissait, surtout pour le cadre qu’il était. Je sais que des pionniers de la sculpture moderne comme Christian Lattier ou des peintres pionniers comme Michel Kodjo ou James Houra étaient bien connus de tous. Les vernissages étaient bien relayés par les médias. Tout ceci m’a influencé car aujourd’hui je regarde l’art avec plus d’acuité et j’essaie même de comprendre l’aspiration profonde qui amène un artiste à créer. Au vue de mes propres observations, je me suis rendu compte de la capacité d’anticipation des artistes sur des changements majeurs de nos sociétés et de l’impact qu’ils ont sur elles ; en cristallisant dans leurs œuvres des faits de notre mémoire collective. Je pense que ce constat a vraiment forgé mon goût pour l’art et mon rapprochement avec l’environnement artistique. Aujourd’hui l’art est pour moi la vie et un peu mon monde au quotidien. J’ai besoin de m’entourer de tableaux de sculptures, et d’objets qui ont une histoire, un sens.
- Vous avez fréquenté un lycée de jeunes filles jusqu’en classe de première. Quel souvenir gardez-vous de votre passage au lycée Sainte Marie ? Des conseils aux élèves actuelles ?
J’ai gardé de très bons souvenirs de mon passage au Lycée Sainte Marie. Le plus important est l’esprit d’excellence, de solidarité et de discipline que cette école inculque.
J’ai tenu à vous partager mon expérience et ma vision du monde afin de vous encourager à persévérer dans les choix que vous faites et à oser aller au bout de ces choix. Soyez déterminées et trouvez le moyen de faire la différence.
- Un dernier mot, partage aux Alysma ?
Pour lutter contre le préjudice des femmes dans le monde des affaires, je pense que la clé indispensable est l’éducation des jeunes filles. J’encourage donc les Alysma à promouvoir et sensibiliser à l’éducation des femmes. Je pense que les femmes ne peuvent réussir que si elles ont accès à l’éducation et à l’information. Les femmes pourrons se hisser au sommet que si elles sont plus performantes dans leur domaine que les hommes, et plus rigoureuses.
Merci à Janine Kacou Diagou pour tous ces mots de motivation et d’encouragement à l’égard des femmes et d’avoir partagé avec nous son parcours.
Crédit photo : 2A Consulting